Les pratiques de veuvage et le droit : quelle analyse ?

4 Jan 2021 | 0 commentaires

Toutes les pratiques traditionnelles sont permises, mais toutes sont-elles utiles ? Est-il toujours opportun de soumettre la femme à toutes sortes de pratiques de veuvage humiliantes après le décès de son conjoint ? En réponse, le législateur incrimine les pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes les « rites de veuvage dégradants » à travers l’article 03 de la loi n°2011-26 du 09 Janvier 2012 portant prévention et répression des violences faites aux femmes. La loi installe soumet désormais les rites de veuvage un filtre. De quoi s’agit-il ?

Les pratiques de veuvages dégradants

Les rites de veuvages sont des pratiques sociales à caractère sacré et symbolique, fondées sur l’idée de marquer ou de matérialiser la fin de l’union conjugale entre le défunt et la veuve.

Par-dessus tout, l’idée première des pratiques de veuvage serait de rompre au plan spirituel, le lien conjugal ayant existé entre la veuve et le conjoint défunt. Au Bénin comme dans de nombreux pays d’Afrique, ces pratiques ont toujours existé. Seulement, dans certaines coutumes les rites pratiqués semblent avoir une un aspect infamant et déshonorant envers les veuves.

Un constat approuvé par le législateur

Si la loi y fait allusion, c’est certainement parce que le constat est réel. En effet, en employant l’adjectif « dégradant » à l’article 3 de la loi n°2011-26 du 09 Janvier 2012 portant prévention et répression des violences faites aux femmes, le législateur condamne toutes pratiques de veuvage qui dégradent, avilissent ou déshonorent la femme en provoquant chez elle et chez les membres de son entourage des sentiments de honte.

S’ils devaient être approuvés, les rites de veuvages devraient contribuer à sécher les pleurs de la veuve et faciliter sa réintégration dans la famille.

Désormais, à chaque étape des rituels, l’honneur de la femme doit être préservé et protégé contre toute forme d’arbitraire. La dignité de l’être humain, en l’occurrence la femme, doit être préservée. Il faut cependant noter que le législateur n’a pas laissé le pouvoir d’appréciation du caractère dégradant ou non des pratiques de veuvage au citoyen, mais plutôt au juge.

Le rôle du juge face aux pratiques de veuvage

Le juge est l’oracle de la loi et garant du respect des droits et libertés de chaque justiciable. En cette qualité, il lui revient, lorsqu’il est saisi d’une affaire de rites de veuvages supposés dégradants, d’user de sa sagesse pour faire la part des choses. Il est appelé à trouver le juste milieu entre coutume et honneur, tradition et dignité, droit et fait afin de faire une qualification objective et dire conformément au droit si les pratiques de veuvage qui lui ont été soumises sont dégradantes ou non.

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