Bénin : les hôpitaux ont-ils le droit de refuser de soigner les malades sans argent et sans pièces ?

18 Août 2020 | 0 commentaires

Laisser sans soins un accidenté au motif qu’il ne dispose pas sur lui d’une pièce d’identité ou d’argent liquide est un refus explicite de soins. Si dans certains cas, un l’établissement de santé ou un professionnel de santé peut légalement refuser de soigner, dans la plupart des cas, le professionnel de santé et l’établissement de santé ont une obligation de soigner.

Quelle que soit sa fonction ou sa spécialité, hors le seul cas de force majeure, tout médecin doit porter secours d’extrême urgence à un malade en danger immédiat.

Le refus de soins : une atteinte aux règles de déontologie

En effet, dans les cas d’urgence, l’établissement de santé et le professionnel de santé ont une obligation d’agir et le refus de soins constitue une faute déontologique passible de sanction disciplinaire pour le professionnel de santé mais également une abstention coupable passible de sanction pénale pour le professionnel de santé et l’établissement de soins.

Sur le plan déontologique, le respect de la vie et de la personne est un devoir primordial pour le médecin.

La Constitution béninoise a consacré le droit à la vie et fait défense à tout individu ou tout agent de l’Etat de se rendre coupable de traitements inhumains sous peine de sanction prévue par la loi.

Ainsi, il est une violation flagrante de la Constitution béninoise et du Code de déontologie médicale par le ou les médecins présents dans le service d’urgence qui n’ont rien fait pour soigner Dama gravement accidenté et qui l’ont laissé sous prétexte qu’il n’avait pas de pièce d’identité permettant de connaître son identité.

Le refus de soins : une faute disciplinaire et pénale !

Contrairement au Code pénal Bouvenet anciennement applicable au Bénin qui prévoyait le délit de non-assistance à personne en danger, le nouveau code pénal de notre pays n’a malheureusement pas expressément prévu cette infraction.

Dès lors, sur le plan pénal, on pourrait penser à l’infraction de mise en danger délibérée de la personne d’autrui plus difficile à démontrer.

Les médecins et autres personnels hospitaliers ainsi que le Centre National Hospitalier et Universitaire ont pour ainsi dire, mis en danger la vie de Dama, en s’abstenant volontairement de le soigner alors même qu’il courait un danger de mort si rien n’était immédiatement fait pour lui.

La poursuite au titre de la mise en danger délibérée de la personne d’autrui pourrait, en conséquence, être envisagée en ce qui concerne les médecins, les autres personnels soignants, le directeur de l’hôpital et l’hôpital en lui-même, le code pénal ayant prévu la responsabilité pénale des personnes morales.

Ce refus de soins constitue pour les médecins une faute déontologique pouvant être sanctionnée sur le plan disciplinaire.

Les conséquences d’un refus de soins

Sur le plan pénal, la responsabilité pénale des médecins, des autres personnels hospitaliers, du directeur de l’hôpital et de l’hôpital peut être engagée.

Il faut souligner que la responsabilité civile qui est l’obligation de réparer le dommage causé à autrui sera aussi engagée pour toutes les personnes fautives y compris le Centre hospitalier en vue de la réparation des dommages issus du refus de soins.

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